Le Président Macky Sall, invité du Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU pour le 75e anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’homme
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Le Président Macky Sall, invité du Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU pour le 75e anniversaire de la déclaration universelle des Droits de l’homme

International — 12 décembre 2023

 

 

Le Chef de l’État Macky SALL a participé aujourd’hui à Genève à la cérémonie commémorative du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui coïncide avec le 30e anniversaire du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

 

Sous le thème "L'avenir des droits humains, de la paix et de la sécurité", cette table ronde a permis au Président Sall de réaffirmer l’engagement commun du Sénégal à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans la paix, la sécurité et la primauté du droit.

"Nous y réussirons si nous convergeons vers des valeurs partagées, pas imposées" a souligné le Chef de l’État avant de rappeler une des déclarations du Président Léopold Sédar Senghor, un de ses illustres prédécesseurs qui disait: "enracinement et ouverture, au rendez-vous du donner et du recevoir, prélude à la civilisation de l’Universel, symbiose de toutes les cultures et de toutes les civilisations".

Le Président Sall estime aussi qu’entre peuples libres, dont l’histoire et les réalités socioculturelles sont diverses, une seule aire civilisationnelle ne peut définir la manière dont tout le monde doit se comporter en droits et en devoirs.

Le Président de la République appelle également à rejeter avec la même résolution le suprémacisme, le racisme et la discrimination raciale, la xénophobie, l’extrémisme violent, l’intolérance religieuse et la violation du droit international humanitaire.

 

 

 

 

L'intégralité du discours du Président de la République: 

Chers collègues,
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs, 
Monsieur le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, 
Mesdames, Messieurs, 

Je me réjouis de me joindre à vous pour ces moments historiques marquant le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de de l’homme.
Merci, Monsieur le Haut-Commissaire, pour votre aimable invitation.
J’y vois la reconnaissance de l’engagement constant du Sénégal en faveur des idéaux de notre Organisation commune.
Je salue vos efforts au service des Etats membres dans un contexte mondial de crises multiples.
En proclamant, le 10 décembre 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme, les 58 Etats qui composaient alors l’Organisation des Nations Unies avaient fixé, pour la postérité, les standards internationaux qu’ils estimaient inhérents à la protection de la condition humaine.
Ils reconnaissaient, que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.
Paradoxe de l’époque, certains parmi les Déclarants de 1948, qui étaient des puissances coloniales, niaient à d’autres êtres humains la jouissance des mêmes droits et libertés qu’ils proclamaient dans la Déclaration.  
Depuis lors, la famille des Nations Unies s’est élargie à 193 Etats membres aujourd’hui.

En outre, d’autres textes et mécanismes de contrôle et d’évaluation, dont l’Examen périodique universel au Conseil des droits de l’homme, unique en son genre, sont venus enrichir la nomenclature des droits humains.
Sous le thème de cette Table ronde, qui porte sur l’avenir des droits humains, de la paix et de la sécurité, nous réaffirmons notre engagement commun à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans la paix, la sécurité et la primauté du droit.
Nous y réussirons si nous convergeons vers des valeurs partagées, pas imposées.
C’est ce que le Président Léopold Sedar Senghor, un de mes illustres prédécesseurs, appelait enracinement et ouverture, au rendez-vous du donner et du recevoir, prélude à la civilisation de l’Universel, symbiose de toutes les cultures et de toutes les civilisations.  
Le Sénégal estime qu’entre peuples libres, dont l’histoire et les réalités socioculturelles sont diverses, une seule aire civilisationnelle ne peut définir la manière dont tout le monde doit se comporter en droits et en devoirs.
Le consensus reste la règle d’or de la diversité ; d’où l’importance des principes de non-sélectivité, d’impartialité et d’objectivité qui doivent gouverner les mécanismes d’évaluation du respect des droits humains.  
D’autre part, pour nous, pays en développement, les trois générations des droits de l’homme sont d’égale importance. Elles constituent les pièces inséparables d’une seule et même architecture.

C’est pourquoi, conformément à l’article 25 de la Déclaration de 1948, nous considérons le droit au développement comme un droit humain fondamental ; parce que la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels est aussi indispensable à la condition humaine que l’exercice des droits civils et libertés politiques.
L’être humain ne vit pas que de liberté. Il a aussi besoin de son pain quotidien. La pauvreté, la marginalisation et l’exclusion sociale déshumanisent, alimentent la frustration et l’extrémisme, et constituent des menaces à la paix, à la stabilité et à la cohésion sociales.
Au-delà du formalisme juridique, c’est par l’action que nous pouvons combattre les injustices et les inégalités avec la même détermination.
Partout, nous devons rejeter avec la même résolution le suprémacisme, le racisme et la discrimination raciale, la xénophobie, l’extrémisme violent, l’intolérance religieuse et la violation du droit international humanitaire.  
Si nous cédons à la logique du deux poids deux mesures, nous courons le risque de fragiliser l’architecture internationale des droits humains, dont la Déclaration universelle des droits de l’homme reste le pilier de base.
La Cour pénale internationale, dont le Sénégal est le premier pays à avoir ratifié le Statut, doit en particulier assumer sa vocation universelle en matière d’enquête, de poursuite et de jugement.

La pleine réalisation des droits humains est aussi tributaire d’une gouvernance mondiale politique, économique et financière plus juste et plus inclusive, parce que les règles du système international conditionnent pour beaucoup les politiques publiques nationales.
Des acquis ont été réalisés avec l’admission de l’Afrique au G20 et l’octroi au continent d’un 3e siège au Conseil d’Administration du FMI.
La réforme d’instances décisionnelles comme le Conseil de Sécurité, le FMI et la Banque mondiale contribuera davantage à l’avènement d’un ordre mondial plus inclusif et plus apaisé.

A l’inverse, le statu quo accentuera la contestation et le risque de désintégration du système international, avec la constitution de blocs rivaux, voire antagonistes, au détriment de la paix et de la sécurité internationales.
L’urgence de l’heure pour les droits humains, c’est aussi la lutte contre le terrorisme qui continue de gagner du terrain en Afrique. 
Le Conseil de sécurité doit pleinement assumer ses responsabilités dans la lutte contre le terrorisme qui est à la fois une menace à la paix et à la sécurité internationales, et une atteinte aux droits humains les plus fondamentaux : le droit à la vie, à la sécurité et à la sûreté.
De la même manière, œuvrons davantage à la promotion des droits des femmes et des jeunes, y compris leur autonomisation par des mécanismes économiques et financiers adaptés à leurs besoins.
Luttons de façon plus soutenue contre la violence faite aux femmes et aux filles.
Combattons sans répit le populisme, le radicalisme et l’extrémisme violent.
Sous tous les cieux, et quel que soit leur mode opératoire, le populisme, le radicalisme et l’extrémisme sont les pires menaces aux droits humains, à la démocratie et à liberté.

Chers collègues,
Monsieur le Haut-Commissaire,
Mesdames, messieurs,
Pour l’occasion qui nous réunit, j’ai à cœur de renouveler les engagements internationaux du Sénégal en faveur des droits humains.
C’est dans cet esprit que nous avons accueilli la retraite du Conseil des droits de l’homme organisée à Dakar en novembre 2019.
Pour 2022 et 2023, nous avons tenu le dialogue avec le Comité pour l'élimination de la discrimination à l’égard des femmes et le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale.

En janvier prochain, notre pays passera, pour la quatrième fois, devant mécanisme d’examen périodique universel. 
S’agissant du monitoring interne, nous venons d’adopter en Conseil des Ministres le projet de loi instituant la Commission nationale des droits de l’homme, en tant qu’autorité indépendante, en remplacement du Comité sénégalais des droits de l’homme.
Enfin, comme je l’ai indiqué en septembre dernier devant la 78e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, notre pays tiendra son élection présidentielle le 25 février 2024, conformément à sa constitution.

Comme les scrutins précédents, cette élection sera démocratique, libre et transparente ; et le 2 avril, je passerai le pouvoir à mon successeur, confiant que notre pays continuera sa trajectoire, porté par les valeurs de démocratie, de liberté et de respect des droits humains.

Voilà le message que je suis venu vous porter ; celui d’une foi profonde dans les idéaux qui nous réunissent pour un monde meilleur, un monde plus juste, un monde d’égale dignité des peuples, des cultures et des civilisations.
Je vous remercie de votre aimable attention.