Discours du Président de la République- Oraison funèbre Président Ousmane Tanor Dieng
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Discours du Président de la République- Oraison funèbre Président Ousmane Tanor Dieng

Discours — 17 juillet 2019

Excellence, Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République du Mali, cher aîné,

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,

Madame la Présidente du Conseil économique, social et environnemental,

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames, Messieurs les députés,

Mesdames, Messieurs les membres du Haut Conseil des Collectivités territoriales et du Conseil économique social et environnemental,

Autorités religieuses et coutumières,

Mesdames, Messieurs les membres de la famille, amis et alliés de notre regretté Ousmane Tanor Dieng,

Mes chers compatriotes,

Avant tout propos, je tiens à remercier notre cher frère, le Président Ibrahim Boubacar Keïta, qui, malgré ses multiples et pesantes charges, a tenu à communier avec nous, en cette douloureuse circonstance qui frappe la Nation sénégalaise.

Le Président Keïta est un frère avenant, pétri de valeurs ancestrales, qui veille au maintien des relations de parenté et de bon voisinage. Merci mon cher frère, pour ce geste renouvelé de solidarité, car ce n’est pas une première.

Ce jour est triste. Nous voilà réunis dans la douleur pour accueillir et accompagner à sa dernière demeure la dépouille de notre regretté Ousmane Tanor Dieng, Président du Haut Conseil des Collectivités territoriales, rappelé à dieu le lundi 15 juillet 2019.

Ce jour est bien triste, parce que notre pays vient de perdre un de ses plus illustres fils, un serviteur infatigable de l’Etat, qui ignorait congé et jour de repos ; un homme politique de première classe, auréolé de vertus cardinales.

Par sa profession, le Président Ousmane Tanor Dieng était d’abord un diplomate de carrière chevronné, aux analyses lucides, au verbe mesuré et à la plume raffinée.

Le Président Léopold Sédar Senghor l’avait appelé à ses côtés en 1978, parce qu’il cherchait un Conseiller diplomatique « qui sache écrire », selon les termes même du Président-poète. Quelle gageure ! Oui, quelle gageure, car on peut aisément deviner le risque et l’exigence d’écrire pour l’éminent homme de lettres.

Mais Tanor, comme nous l’appelons familièrement, a fait plus que relever le défi, puisque sous les Magistères des Présidents Senghor et Abdou Diouf, il gravira tous les échelons, se forgeant patiemment un parcours exceptionnel d’homme d’Etat, rompu aux plus hautes servitudes de la République, travailleur, méthodique, sobre et discret.

Tanor avait de la tenue et de la retenue, parce qu’il était conscient des règles d’éthique et de la gravité des charges qui incombent au serviteur de l’Etat et de la République. Du début à la fin, sa carrière administrative résonne aujourd’hui comme une formidable leçon déontologique post mortem pour tout agent public soucieux du bien commun.

Ousmane Tanor Dieng était aussi un homme politique de grande valeur.

Je retiens de l’illustre défunt sa grande courtoisie, sa sérénité de tout instant et sa dignité jamais prise à défaut dans le pouvoir et dans l’opposition.

Tanor avait une haute idée de la politique et de l’adversité politique. Animé par la force inébranlable de l’idéal et de la conviction, la scène politique était, pour lui, le lieu d’un débat d’idées fécond et policé, parce que respectueux de l’adversaire et des intérêts supérieurs de la Nation.

Il était par-dessus tout un républicain hors norme.

J’ai toujours apprécié chez lui le sens aiguisé du dialogue argumenté mais apaisé, pour le compromis, qui ne signifie pas compromission.

Depuis notre compagnonnage au sein de la grande coalition Benno Bokk Yakaar, Tanor s’est illustré en partenaire ouvert, fiable et honnête.

Tanor était un homme de son temps, qui comprenait parfaitement le sens et l’essence de l’action publique, parce qu’il avait la pleine mesure des enjeux nationaux et mondiaux contemporains. En témoigne son discours magistral de janvier 2016 devant l’Association internationale des maires francophones, sur le péril environnemental qui menace la planète.

En homme du terroir, il était aussi un humaniste, d’une urbanité exquise, qui tenait aux valeurs de culture et de civilisation qui irriguent de leur chaleur humaine nos terroirs ancestraux.

Comme tout enfant attaché à ses racines, le jeune Tanor se faisait un point d’honneur de passer ses vacances à Nguéniène, son royaume d’enfance, pour se ressourcer et participer aux travaux champêtres.

Voilà pourquoi il était si bien intégré plus tard à Kolda, Dioulacolon, Dabo et Médina Yoro Foula, où il effectuait son stage pédagogique de l’Ecole nationale d’Administration. Ceux qu’il a côtoyé dans ces localités gardent de lui d’excellents souvenirs.

A titre personnel, je témoigne que Ousmane Tanor Dieng a toujours été d’une agréable compagnie ; de celles qui vous marquent et vous laissent une impression indélébile de sentiments mêlés d’affection et de respect.

Quand il a senti que le destin allait s’accomplir, Tanor a encore trouvé la force et la sérénité de puiser dans ses dernières ressources pour m’envoyer un ultime message par son fils. Notre proximité était à ce point. Je suis bouleversé par sa mort.

Je perds en lui un allié fidèle et loyal ; un conseiller avisé de l’ombre.

En ces moments de deuil national, je pense à ses épouses, à ses enfants et à sa famille. Je voudrais leur présenter les condoléances de la Nation et leur exprimer le témoignage de mon affection et de ma profonde compassion.

J’adresse mes condoléances émues aux membres du Haut Conseil des Collectivités territoriales, à sa famille politique nationale, africaine et internationale, à la grande coalition Benno Bokk Yaakaar et à toute la classe politique sénégalaise.

La mort emporte ceux qui sont partis, mais elle interpelle et avertit les vivants sur le sens et la portée de leurs actes. Elle rappelle aux croyants que nous sommes une vérité évidente par elle-même : tout est vanité ici-bas et chacun attend son tour d’être seul face au SEUL.

Selon une vieille sagesse, notre vrai tombeau n’est pas dans la terre mais dans le cœur des hommes.

Alors, Président Ousmane Tanor Dieng, tu vivras toujours dans nos cœurs !

Nous ne t’oublierons pas. Pour honorer et perpétuer ta mémoire, une des sphères ministérielles de la ville nouvelle de Diamniadio portera ton nom, pour que chaque jour qui se lève offre ton souvenir lumineux, en viatique pour les générations actuelles et futures.

Et pour nous, ta mort sera toujours une belle leçon de vie.

Que ta terre natale de Nguéniène que tu as tant aimée, et où tu as souhaité reposer auprès des tiens, te soit légère.

Adieu, fidèle et loyal compagnon, repose en paix, pour l’éternité !