Discours d’ouverture du Forum Digital LaTribune.fr du 30 juin 2020 par SEM le Président Macky Sall
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Discours d’ouverture du Forum Digital LaTribune.fr du 30 juin 2020 par SEM le Président Macky Sall

Discours — 01 juillet 2020

De nombreuses initiatives sont aujourd’hui prises par les Etats Africains, en rapport avec la Commission Economique pour l’Afrique et les envoyés spéciaux de l’Union Africaine, visant à trouver une solution innovante pour assurer le service de la dette commerciale. Je les félicite et les encourage.

Suite aux différents appels à l’annulation de la dette de certains pays, le G20 a réagi en approuvant un moratoire sur la dette bilatérale pour le reste de 2020, ce qui constitue un bon début. Mais nous devons aller plus loin car l’annulation de la dette bilatérale constituera une bouffée d’oxygène pour les pays les plus vulnérables.

Ce sera au cas par cas et je reconnais que cela prendra du temps à mettre en œuvre mais c’est faisable. Pour rappel, l’encours de la dette bilatérale de l’Afrique subsaharienne représente moins de 2% des ressources mobilisées en quelques semaines par les pays du G20 pour faire face à la crise dans leur pays.

Ainsi, en attendant d’y arriver, il faudra innover sur la dette commerciale pour soulager les pays en trouvant des arrangements leur permettant de payer le service de la dette. C’est pourquoi nous soutenons l’idée de créer un véhicule ad-hoc garanti par nos partenaires tels que l’UE et certain pays du G20 pour lever des fonds et prêter aux Etats à des conditions préférentielles sur de longues durées pour aider certains pays à payer le service de cette dette commerciale.

L’objectif premier est d’honorer, sans faille ni faillite, les engagements pris avec nos partenaires privés comme publics. Il est impératif que nos pays continuent à avoir accès aux marchés à des conditions favorables en évitant la dégradation de nos notations et une augmentation de la prime de risque.

Or, contrairement aux puissances économiques occidentales, les pays africains ne disposent pas de Banques centrales ayant la capacité de racheter la dette de leurs États par d’importants assouplissements quantitatifs. Dès lors, la solidarité internationale devrait conduire à rechercher une solution viable pour l'Afrique et les pays en développement.

Nous devons tous ensemble mobiliser nos forces et nos intelligences pour y travailler. Je voudrais d’ailleurs, à cet égard, inviter aussi les économistes, universitaires et chercheurs africains, à s’approprier ce débat qui est aussi le leur, pour apporter leur expertise et étayer le plaidoyer africain pour plus de solidarité dans nos efforts pour amortir le choc de la pandémie et relancer nos économies vers toujours plus de croissance.

Je continuerai, au niveau politique, avec mes collègues, nos partenaires, pour soutenir cette initiative car il faut absolument que nos pays continuent à accéder aux marchés en évitant les défauts à tout prix.

Pour le cas du Sénégal, nous nous sommes organisés, afin de payer le service de notre dette à temps, sans demander de moratoire à nos créanciers, en attendant la mise en œuvre de cette solution innovante, qui nous donnera évidement plus de marge de manœuvre.

Le jour où nous pourrons lever des fonds à 2-3% sur 25 à 30 ans, l’Afrique pourra vraiment accélérer son développement et faire vraiment face à ce genre de crise qui nécessite des ressources colossales que nos partenaires au développent ne pourront assurer seuls.

L’ambition de l’Afrique aujourd’hui est de d’assumer sa co-responsabilité dans la cogestion des affaires désormais commune à tous, du fait la mondialisation. Il faudra les moyens du financement de son développement, bien au-delà de la question du service de la dette. Elle a les ressources, la vision et des programmes et projets de développement à même de nourrir une bonne partie de la croissance mondiale future.

Son ambition est de contribuer davantage à l’avènement de ce monde meilleur que nous appelons tous de nos vœux, « un monde par tous, un monde meilleur pour tous. »