Monsieur le Ministre
de l’Éducation nationale,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Monsieur le
Secrétaire général de la Ligue Islamique,
Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Directeur des Affaires religieuses et de l’Insertion des diplômés
de langue arabe,
Honorables Chefs religieux,
Honorables borom daara, chères ndeyu daara, chers ndongo daara,
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
C’est
avec une émotion empreinte de respect et de reconnaissance que je prends la
parole en ce jour, marqué par la célébration de la troisième édition de la
Journée nationale des Daara. Ce moment solennel nous offre l’opportunité de
nous arrêter un instant pour contempler une institution qui constitue l’une des
pierres angulaires de notre patrimoine spirituel, culturel et éducatif : les daara.
Instituée
par le décret numéro 2023-225 du 18 janvier 2023, cette journée traduit notre
volonté collective de rendre hommage à ces établissements, qui ne sont pas
seulement des lieux de transmission du savoir religieux, mais aussi des
sanctuaires où se forge l’âme de notre nation. À travers les siècles, les daara
ont su, avec abnégation et humilité, former des générations d’hommes et de
femmes à la fois enracinés dans les valeurs profondes de l’Islam et capables de
contribuer activement au progrès de notre société.
En
célébrant les daara aujourd’hui, nous honorons non seulement leur héritage
historique, mais aussi leur rôle central dans notre vision éducative
contemporaine. Plus encore, nous nous engageons solennellement à soutenir leur
modernisation et leur intégration pleine et entière dans le système éducatif
sénégalais, tout en préservant leur singularité et leur richesse intrinsèque.
Mesdames
et Messieurs,
Si
les daara rayonnent par la noblesse de leur mission, c’est grâce, en grande
partie, à celles et ceux qui les portent au quotidien. Je tiens à saluer ici,
avec la déférence qui s’impose, les borom daara, ces éducateurs hors pair,
véritables artisans du savoir et de la vertu. Par leur dévouement, souvent dans
des conditions difficiles, ils inculquent aux jeunes générations des principes
de foi, de discipline, de respect et d’humilité, qui constituent le socle de
leur épanouissement futur.
À
leurs côtés, les ndeyu daara jouent un rôle tout aussi fondamental. Ces mères
courageuses et généreuses, souvent dans l’ombre, assurent le soutien logistique
et moral indispensable à la vie des daara. Leur engagement quotidien, qu’il
s’agisse de préparer les repas, d’entretenir les lieux ou de subvenir aux
besoins des enfants, mérite toute notre admiration. Que ces femmes soient
assurées de notre reconnaissance et de notre soutien dans leurs efforts
constants au service de l’éducation et de la solidarité.
Cependant,
il serait injuste de taire les défis qui ternissent parfois l’image des daara
et leur noble vocation. Le phénomène de la mendicité forcée des enfants, hélas
trop visible dans nos rues, constitue une déviance inacceptable par rapport à
l’esprit originel des Daara. Ces pratiques, qui n’ont rien à voir avec
l’essence même de ces institutions, doivent être combattues avec détermination.
Il est de notre devoir collectif d’agir pour que chaque enfant inscrit dans un daara
puisse apprendre et s’épanouir dans la dignité.
Mesdames
et Messieurs,
Face
aux défis et aux opportunités qu’offrent les daara, il est urgent de concevoir
une nouvelle approche, ambitieuse et inclusive, pour en assurer la pérennité et
le rayonnement. C’est pourquoi j’annonce aujourd’hui la convocation des
premières Assises nationales des Daara.
Ces
assises, qui réuniront tous les acteurs concernés – éducateurs, décideurs
politiques, familles religieuses, partenaires techniques et financiers –,
auront pour mission de réfléchir à une refonte en profondeur des daara. Il
s’agira de :
1.
Repenser leur intégration
dans le système éducatif national, afin de garantir
une équité totale entre tous les enfants sénégalais, quelle que soit leur voie
éducative.
2.
Diversifier les contenus
pédagogiques en introduisant des disciplines modernes,
telles que les mathématiques, les sciences, les langues étrangères et les
compétences techniques, pour préparer les jeunes à un monde en constante
évolution.
3.
Créer un cadre
institutionnel et financier stable pour soutenir les daara,
notamment à travers des partenariats public-privé et un appui accru de l’État.
Cette
réforme ne vise pas à dénaturer les daara, mais à leur permettre de répondre,
avec efficacité et pertinence, aux exigences de notre époque tout en préservant
leur âme et leur vocation première.
Déjà,
les daara modernes témoignent de leur capacité à s’adapter et à exceller. Les
succès éclatants des ndongo daara lors des compétitions internationales de
mémorisation et de récitation du Saint Coran en sont une preuve éclatante. Ces
jeunes, garçons comme filles, font honneur à notre nation et portent haut le
flambeau de l’excellence sénégalaise.
Par
ailleurs, les élèves issus des daara qui poursuivent des études classiques dans
nos universités et établissements d’enseignement supérieur illustrent la
complémentarité qui peut exister entre tradition et modernité. Ces réussites
individuelles, souvent méconnues, nous rappellent le potentiel immense des
Daara et la nécessité de leur offrir un cadre optimal d’épanouissement.
Mesdames
et Messieurs,
La
préservation et la valorisation des daara sont plus qu’une obligation morale ;
elles sont un acte de foi envers notre identité et notre avenir. Ces
institutions, bien plus que des écoles, sont des lieux où se transmettent les
valeurs de solidarité, de respect mutuel et de justice, qui forment le socle de
notre société.
Je
vous invite, chacune et chacun, à œuvrer pour faire des daara un modèle
d’excellence éducative et de cohésion nationale. C’est ensemble que nous
réussirons à bâtir un Sénégal où chaque enfant, quelles que soient ses origines
ou ses croyances, pourra s’instruire et s’élever dans la dignité.
Je
vous remercie.