Interview accordée à Radio Chine Internationale à l'occasion du Sommet du G20 à Hangzhou en Chine
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Interview accordée à Radio Chine Internationale à l'occasion du Sommet du G20 à Hangzhou en Chine

Reportage — 25 août 2016

« (G20) MACKY SALL : MOINS D'AIDE, MAIS PLUS D'INVESTISSEMENT ET DE PARTENARIAT »

Le président de la République du Sénégal, Macky Sall, a donné le 25 août 2016 une interview à la presse chinoise basée à Dakar dont RCI , avant son départ pour le sommet du G20 à Hangzhou, où il participe en sa qualité de Président du NEPAD .

Voici les principaux plaidoyers pour l'Afrique qu'il compte faire lors de ce sommet qui se tient 4 et 5 septembre dans l'est de la Chine.

Question (Q) : Le Sénégal à travers la voix du Président Macky sall en sa qualité du Président du Nepad sera le porte-parole de l'Afrique lors de ce sommet. Alors, quels sont les messages que vous souhaitez transmettre pour le continent ?

Au nom de l'Afrique, j'ai déjà depuis trois G20 (le Sénégal a été invité aux trois derniers sommets du G20, celui de Saint Petersburg en 2013, celui de Brisbane en 2014 et celui d'Antalya en 2015) plaidé pour un intérêt croissant vers l'Afrique. Un intérêt surtout pour la mise à disposition de ressources financières. C'est pourquoi, nous avons salué le Forum sino-africain sur le développement du continent dont le dernier s'est tenu à Johannesburg l'année dernière et où la Chine à travers le Président Xi a mis à disposition du continent 60 milliards de dollars. L'Afrique a besoin d'investissement. L'Afrique a besoin de partenariat. Donc, la vision nouvelle des Africains, c'est de faire moins de demande d'aide. Parce que, l'aide ne peut pas faire développer un pays, l'aide ne peut pas développer un continent. Mais, il faut faire en sorte que les partenariats soient bâtis dans un intérêt mutuel et de façon à ce que les Africains et les entreprises africaines, les gouvernements africains puissent accéder à des ressources à long terme, qui ne sont pas chers mais qui permettraient justement le développement.

Le deuxième plaidoyer, c'est celui pour une équité, et une lutte farouche contre l'évasion fiscale en Afrique. L'Afrique est un continent qui souvent, a été malheureusement, exploité. Les multinationales qui opèrent dans les secteurs capitalistiques ont très souvent bénéficié de législations qui faisaient des exonérations totales en matière de fiscalité. Or, aujourd'hui, pour financer le développement du continent, nous avons besoin d'abord de compter sur les ressources internes mobilisées. Donc, il faut changer les cadres de la fiscalité internationale. Là aussi, j'attends, que les leaders du G20 nous aident.

Q : Le prochain sommet du G20 va s'ouvrir sous le thème « Construire une économie mondiale dynamique, innovatrice, interconnectée et inclusive ». A votre avis, quelle est la place de l'Afrique dans un tel processus ?

Cette vision du monde corresponde effectivement à celle que nous avons de l'Afrique ; la vision 2063, validée par l'Union africaine qui participe à l'économie globale, à l'économie mondiale, une Afrique interconnectée, une Afrique qui participe à la révolution technologique, avec les technologies de l'information et de la communication. Donc, notre retard industriel, nous pouvons le rattraper et même peut-être le dépasser grâce à cette nouvelle révolution des TICs qui nous projette dans l'ère du numérique. Donc, vous voyez bien que la vision chinoise correspond à tout point de vue à notre vision d'émergence en Afrique, participer à des économies interconnectées avec une innovation technologique.

Q : Qu'attendez-vous de la Chine dans le processus de réalisation de cet objectif, c'est-à-dire de construire une économie mondiale dynamique, innovatrice, interconnectée et inclusive ?

La Chine a déjà donné la preuve de ce qu'elle pouvait faire avec l'Afrique. Nous attendons simplement qu'elle maintienne la même cadence et même qu'elle puisse l'amplifier au regard de l'attente du continent. Au Sénégal, nous avons accès à ses ressources, qui nous ont permis de construire des autoroutes, de construire des parcs industriels, de construire notre développement. Il faut donc, que la Chine continue de jouer ce rôle et qu'elle soit même présente d'une autre façon, c'est-à-dire au-delà du prêt et du fait que les entreprises puissent exécuter des prestations, elle participe dans la gestion des concessions. Ce qui va se traduire par une présence plus longue en Afrique.

Q : Parlons de la coopération sino-sénégalaise quel est à votre avis les acquis de cette coopération surtout depuis la reprise des relations diplomatiques en 2005 ?

C'est une coopération exemplaire à tout point de vue, qui a montré l'importance du volume des investissements depuis la reprise. Au départ, il y a eu le volet « dons » qui a permis la construction d'infrastructures majeures pour le Sénégal. D'abord le Grand-Théâtre de Dakar, mais aussi le Musée des Civilisations noires. Ce sont des projets culturels, mais aussi, il y a eu des projets sportifs avec des stades (l'arène nationale de Pikine en banlieue Dakaroise), les projets sanitaires (l'hôpital des enfants de Diamniadio, à 45 kilomètres de Dakar), ainsi qu'un certain nombre d'infrastructures qui ont fait l'objet de dons également.

A côté de ces dons, le plus important a été le financement du développement à travers les autoroutes que le Sénégal a développé grâce à la coopération chinoise. Il est estimé à près d'un milliard deux cent millions de dollars sur les autoroutes qui ont été entamées. Nous avons vu que cela participe pleinement au développement économique du pays. Cela participe à l'accroissement de la production nationale et donc participe au bonheur que les Sénégalais peuvent tirer de ces infrastructures.

Q : Dans l'avenir, quels sont les domaines dans lesquels le Sénégal souhaite renforcer ses échanges avec la Chine ?

Je dirai sans hésiter que c'est d'abord dans le domaine des infrastructures. Nous poursuivons les efforts sur les autoroutes, sur le ferroviaire, parce que c'est devenu un secteur vital pour l'économie du Sénégal. Nous aurions aimé que la Chine sur ces deux domaines puisse concentrer davantage d'efforts et des moyens financiers. Il y a tous les autres domaines qui sont des micro-domaines. Ce sont des financements qui peuvent toucher la pêche, la santé, l'agriculture. Mais vraiment le focus c'est les infrastructures de communication : les routes et le chemin de fer et les ports également. Ce sont les grands projets sur lesquels nous aimerions travailler avec la Chine, et à travers ces mécanismes, accélérer notre politique de croissance et d'émergence économique.

Source: French CRI