Discours du Président de la République lors de la cinquième édition de la Grande rentrée Citoyenne
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Discours du Président de la République lors de la cinquième édition de la Grande rentrée Citoyenne

Discours — 02 février 2017

Monsieur le Premier ministre ;

Madame la Présidente du Conseil économique, social et environnemental ; 

Mesdames, messieurs les Ministres ;

Mesdames, messieurs les députées ;

Mesdames, messieurs les Hauts conseillers ;

Mesdames, messieurs les membres du Conseil économique, social et environnemental ;

Mesdames, messieurs les Ambassadeurs ;

Madame la Directrice générale du Magazine Intelligences ;

Mes chers élèves et étudiants ;

Mesdames, messieurs les Invités ;

Vous imaginez bien l’immense plaisir que j’éprouve ce matin. La compagnie des plus jeunes est toujours agréable et instructive. Elle nous rappelle nos devoirs et nous éveille aux rêves d’une génération. Je vous salue donc, jeunes du Sénégal venus de tous les coins du pays pour prendre part à cette édition de la Rentrée citoyenne.

Je voudrais, à l’entame de mon propos, féliciter Madame Amy Sarr Fall pour son initiative, son leadership incontestable et son dynamisme admirable révélés à travers son magazine Intelligences, sa présence active et positive dans les réseaux sociaux. Je dois d’ailleurs souligner à ce titre que Madame Amy Sarr Fall est l’un de nos concitoyens disposant de plus d’un millions d’amis. Avec cette cérémonie périodique appelée Rentrée citoyenne, vous prouvez ainsi, Madame, que la jeunesse n’est pas seulement l’âge du refus. Elle peut emprunter aussi les chemins de la responsabilité et de la citoyenneté constructive.

L’occasion m’est offerte de saluer vos parents ici présents, Pape et Madjiguene Fall.

Chers élèves,

Madame Amy Sarr Fall voulait que je parle de mon propre parcours, que je vous l’offre en exemple. J’ai appris cependant, en cours de philosophie en terminale, que le « moi est haïssable ». Je crois que c’est le mot de Pascal.

Ensuite, chaque parcours est singulier, spécifique et, donc, différent. Si je devais, tout de même, prendre le risque de parler de moi, je vous le résumerais de cette manière : né dans une région intérieure du pays, notamment l’ancien Sine Saloum qui couvre les actuelles régions de Kaolack, Kaffrine et Fatick, et plus précisément à Fatick, de Parents originaires de la région naturelle du Fouta, j’ai grandi dans un milieu sérère, entre Fatick, Foundiougne et Kaolack, terre de passage et de brassage, et, plus tard, étudiant à l’université, en Fac de sciences et à l’Institut des sciences de la terre où j’ai obtenu le diplôme d’ingénieur géologue. J’ai fréquenté, également, pour renforcer mes connaissances et mes aptitudes, l’Institut français du pétrole. J’ai passé ma vie professionnelle à PETROSEN parallèlement à ma vie politique que j’ai d’ailleurs commencée un peu jeune, depuis le lycée déjà. Tout mon cursus a été façonné par l’école publique et je remercie mes parents qui, malgré leurs moyens modestes, m’ont inculqué la culture de l’effort et les valeurs de courage et de dignité qui m’ont permis de traverser les difficultés de la vie avec foi et détermination.

Mon exemple n’est pas unique. Bien de jeunes de ma génération issus de familles plutôt modestes ont bravé les pressions de la vie pour se hisser, par l’effort et l'abnégation, aux plus hautes altitudes de la performance et de l’excellence.

Et c’est toujours avec émotion et admiration que je parle de ces jeunes sénégalais qui sont parmi vous aussi. C’est dire qu’avec volonté et persévérance, vous pouvez faire reculer les frontières de l’impossible.

De moi, je crois avoir trop parlé. Sinon, vous révéler que j'ai eu aussi mes moments de jeunesse à Fatick, surtout avec le mouvement navétane, avec mes deux clubs, le lam toro et le disso, sans oublier, chers jeunes la période faste en musique dans les années 80. S'agissant singulièrement de la musique, je me remémore encore aisément les airs de certains de mes tubes favoris de pop music, de soul music, de Jazz, de Reggae, de variétés et de musique africaine.

Je pense à :

POP MUSIC

Jimmy Hendrix, Weather Report, Pink Floyd, Dire Straits, Bob Dylan (Animals), Manfred Mann, Jerry Raffety, Al Steward, Rod Stewart Eagles (Hotel California), John Lennon, Michael Jackson, Phil Collins.

SOUL MUSIC

James Brown (Soul brother number one), Lionel Richie (All night long), Areta Franklin, Tina Turner, Marvin Gaye, Isaac Hayes.

JAZZ

Louis Amstrong, John Coltrane, Miles Davis.

REGGAE

Bob Marley and the Wailers, Peter Tosh, Bunny Wailer, Steel Pulse (True Democracy), Burning Spear (ou "la lance enflammée"), The Police (Walking on the moon), UB 40 (unemployment).

VARIETES

Charles Aznavour, Mireille Mathieu,

Julio Iglesias.

MUSIQUE AFRICAINE

Bembeya Jazz National, Nayanka Bell, Tchala Mwana, Myriam Makeba (la militante de la cause noire sud-africaine, Pata Pata), Yandé Codou Sène (la grande Diva sérère), Le Ngoyane de Médina Sabakh (Saloum), Ndiaga Mbaye (le poète), Touré Kunda, Alpha Blondy, Oumar Pène, Youssou Ndour, Baba Maal, Ismaila Lo.

Vous voulez que je continue ?

Bref la liste est longue, le répertoire dense et passionnant à l’époque, et je m’en arrête là.

Parlant des jeunes aujourd’hui, c’est-à-dire de vous, car Il est bien évidemment question de vous.

Alors, soyez les contemporains de votre temps et construisez votre destin tout en vous inspirant du legs de vos anciens, pères et mères, en tant que jeunes d’aujourd'hui.

Mais, c’est quoi être jeune aujourd’hui ?

La question est légitime, car la réponse n’est pas facile. Avec notre génération et celles qui ont précédé, être jeune c’était la socialisation par la famille, les parents, le quartier et l’école où on se faisait des copains. Sous contrôle de ces espaces cités, gravir les échelles de scolarité et, les diplômes obtenus, travailler généralement dans la fonction publique, trouver une femme ou un mari, et soutenir les parents et la communauté de façon générale. J’ajoute : nous avions une seule chaine de radio, un seul journal quotidien et quelques magazines venant de l’étranger comme « Salut les copains » ou France Foot qui nous informaient sur les stars de la musique de l’époque et le sport. Je n'oublie pas aussi les bandes dessinées avec des héros comme zembla, tex willer, ou rahan le fils de crao, issu du territoire des ombres.

Quid de votre génération ?

Oui, c’est la famille, un peu le quartier et les parents au sens élargi, l’école de plus en plus moins, les médias classiques et nouveaux, notamment les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, WhatsApp, Snapchat, YouTube, entre autres. Bref la génération dénommée GTIF (Google, twitter, internet, Facebook).

A dire vrai, vous êtes les enfants d’un autre monde. Nous savions à peu près de quoi l’avenir serait fait.

Votre génération est moins certaine : accès quasi illimité à l’information, beaucoup de nouveaux métiers, fin de l’État providence, mondialisation, virtualité, grâce au numérique qui vous met dans la position de pouvoir communiquer plus avec des « amis » inconnus d’ici et d’ailleurs qu’avec vos proches.

Votre génération, vous jeunes d’aujourd’hui, fait face à de nouvelles menaces qui ont noms terrorisme, changement climatique, migrations clandestines et, par endroits dans le monde, montée des périls identitaires.

Alors, les jeunes, filles et garçons confondus, comment faire face aux défis auxquels vous êtes confrontés et assumer les responsabilités qui vous incombent ? En d’autres termes, comment répondre de façon positive à notre question, à savoir c’est quoi être jeune aujourd’hui ?

Ma réponse, instruite par l’expérience, la mienne propre et celle de nombreux jeunes de ma génération, est la suivante : Etre jeune aujourd’hui, c’est affirmer résolument qu’un autre monde est toujours possible, qu’il est possible de plier le destin à l’aune de notre rêve grâce à la volonté, à l’effort, à l’audace, à la confiance en soi, au courage de prendre des risques et à la capacité que chacune et chacun d’entre vous possède d’exploiter au maximum ses potentialités.

A ce titre, Mon épouse et moi rappelons souvent à nos enfants que nous ne sommes pas dans l’opulence qui, soit dit, leur garantirait un avenir doré. Nous leur disons aussi que la vie est une bataille de tous les jours pour bâtir des foyers solides où nous pouvons être libres et joyeux. Restez aussi à l’écoute de vos parents, qui ont fait le pari sur vous, et développez à leur endroit le sens du respect, le devoir de soumission et de gratitude à leur égard.

Oui, croyez-en vous, comptez aussi sur vos propres forces, car il vous appartient, vous seuls, de choisir votre projet de vie et de le construire. Être jeune, c’est donc vivre, d’une certaine manière, le principe que tout est possible même si tout ne dépend pas totalement de vous.

Toute ma passion, tout mon rêve est de vous appuyer dans la quête de cette nouvelle culture de la performance et de l’efficacité, de la responsabilité et de la confiance.

Chercher le bien-être de mon peuple, tel est le fond de ma pensée et de mon action politique, de mon engagement et de mon projet de société.

Tout mon quotidien est rythmé par la recherche de points d’appui solides pour offrir à la jeunesse de notre pays les moyens de sa réussite et de son épanouissement.

C’est pour cette raison, entre autres, que j’ai conçu le Plan Sénégal Émergent, PSE, qui est une projection réaliste et réalisable d’un Sénégal nouveau à l’horizon 2035, soit, dans 18ans.

Ce Plan repose sur trois axes que je vais résumer, étant entendu que plusieurs liens dans le web vous y conduisent et les responsables de la mise en œuvre et du suivi sont à votre disposition pour toute demande d’information.

Je vous exhorte à découvrir ce plan qui est le vôtre, qui est aussi celui de vos petites sœurs et petits frères qui viennent de naitre en ce moment même où nous sommes en train de parler.

Le premier axe du PSE vise la transformation structurelle de l’économie sénégalaise. Nous voulons une économie plus dynamique, résiliente et ouverte aux innovations.

En un mot, produire plus et mieux, et ceci, dans tous les secteurs, est cette transformation qui, davantage, nous amène de la valeur ajoutée, donc de la richesse et des emplois, autrement dit de la cohésion sociale.

Je veux également que cette transformation soit source de modernité pour notre société d'où mon projet de TER, de parc technologique et numérique.

Le deuxième axe du PSE vise principalement le développement du capital humain et plus généralement l’inclusion sociale dans notre processus d’émergence. Afin d’illustrer mon propos, j’ai souhaité doter tout citoyen sénégalais d'une couverture médicale universelle. Aussi, j’ai mis en place, pour les 300.000 familles les plus vulnérables de notre pays, des bourses de sécurité familiale, ce qui impacte au moins 3 millions de compatriotes.

Le troisième axe vise l’État de droit, la bonne gouvernance, la promotion de la paix et de la sécurité.

Oui, il est possible de construire le Sénégal de nos rêves, le Sénégal qui offre à chacun d’entre vous les opportunités pour mettre à profit ses talents et potentialités, un Sénégal moderne, ancré dans la démocratie, solidaire et toujours hospitalier.

Oui, en vous engageant pour une citoyenneté active et responsable, vous apportez votre pierre à l’édification de notre demeure commune qu’est ce beau pays, modèle de démocratie et de tolérance, dont la générosité de la jeunesse justifie tous les espoirs.

Je vous félicite encore pour votre mobilisation exceptionnelle, votre enthousiasme et votre détermination à participer à la construction citoyenne qui est un aspect important de notre projet d’émergence.

Je vous remercie.