Discours du Président de la République lors de la 36éme Session du Comité d’Orientation des Chefs d’Etat et de Gouvernement du NEPAD
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Discours du Président de la République lors de la 36éme Session du Comité d’Orientation des Chefs d’Etat et de Gouvernement du NEPAD

Discours — 27 janvier 2018

Monsieur le Président en exercice de l’Union Africaine ;

Mes Chers Collègues ;

Monsieur le Président de la Commission de l’Union africaine ;

Monsieur le Président de la Banque africaine de Développement ;

Monsieur le Secrétaire Exécutif de l’Agence de Planification et de Coordination du NEPAD ;

Madame le Secrétaire Exécutif de la Commission des Nations Unis pour l’Afrique ;

Mesdames Messieurs

C’est avec un réel plaisir que je préside les travaux de la 36éme Session du Comité d’Orientation des Chefs d’Etat et de Gouvernement du NEPAD.

En votre nom et au mien propre, je remercie le Gouvernement et le peuple Ethiopien pour l’accueil chaleureux et fraternel et l’hospitalité qui nous sont toujours réservés à l’occasion de nos rencontres annuelles.

Au Sommet de Janvier en 2013 à Addis Abéba, vous m’avez investi de votre confiance en me confiant la présidence du Comité d’Orientation des Chefs d’Etat et de Gouvernement du NEPAD.

A tous, je renouvèle mes remerciements les plus sincères et je salue votre engagement qui m’a permis d’accomplir cette noble mission.

Ensemble, nous avons fixé nos priorités ;

  • Construire une Afrique prospère soutenue par une croissance inclusive et un développement durable ;
  • Renforcer la coopération et l’intégration régionale.

Cette Afrique que nous voulons dans l’Agenda 2063, est la traduction de la vision de nos Pères fondateurs et de l’espoir exprimé par nos populations depuis les indépendances.

Au cours de la dernière décennie, la perception de l’Afrique considérée comme un continent « désespéré » a fortement changé à la faveur de nos performances économiques.

C’est parce que nous sommes devenus une terre d’opportunités et de promesses considérables qu’il nous faut également changer de stratégies pour être dans le « temps de l’Action ».

Voilà pourquoi j’ai inscrit mon mandat sous le signe de la « mise en œuvre ».

Sous l’Autorité du Comité d’Orientation des Chefs d’Etat et de Gouvernement, nous avons étroitement travaillé avec l’Agence du NEPAD à relever le défi de la réalisation de nos programmes.

Ainsi, des progrès importants ont été notés dans le PIDA (Programme de Développement des Infrastructures en Afrique) avec le démarrage et même l’achèvement de certains projets de l’Initiative Présidentielle de Promotion des Infrastructures coordonnée par le Président Jacob ZUMA dont je salue le leadership à côté des autres Présidents Champions.

L’Afrique est sur la voie de résorber son déficit infrastructurel et les projets s’accélèrent dans le secteur des transports, des TIC, de l’énergie où nous devons renforcer nos efforts pour résoudre le paradoxe d’un Continent doté d’immenses ressources naturelles, mais où l’électricité est la plus chère dans le monde.

La question de l’énergie doit rester au cœur des priorités du NEPAD si nous voulons réussir le pari de l’industrialisation.

Aussi, je réitère mon appel pour rendre opérationnel le Fonds pour l’électrification rurale crée par décision de l’Union africaine.

Le Sommet que j’ai organisé en Juin 2014 sur le financement du NEPAD a été un moment important de mobilisation de tous les acteurs pour un financement des Infrastructures en Afrique.

« L’Agenda dédié aux Actions » trace une feuille de route pour des stratégies claires dans la mobilisation de ressources domestiques, l’implication du secteur privé et l’amélioration de la préparation des projets.

Dans ce cadre, nous disposons d’un instrument à travers le Fonds NEPAD/FPPI logé à la BAD.

Avec une volonté politique très forte, il est possible de surmonter nos difficultés. Mais face à nos ressources limitées et à l’ampleur des défis, nos efforts méritent d’être soutenus par nos partenaires techniques et financiers ; je veux nommer la Banque africaine de développement, la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique et les Communautés Economiques Régionales.

Je saisis cette occasion pour féliciter la BAD pour le lancement d’Africa 50, mais surtout pour le choix des « cinq priorités » (Top 5) qui constituent un agenda de développement efficace pour l’Afrique.

Nous avons également mis la priorité sur l’agriculture car il n’est pas tolérable que nos populations continuent de vivre le spectre de la faim et de la malnutrition dans un contexte où la croissance économique de l’Afrique est l’une des plus fortes au niveau mondial.

Le processus de transformation de l’agriculture africaine est en cours avec le Programme Détaillé de l’Agriculture africaine, qui permet à l’Afrique de nourrir l’Afrique et même le reste du monde.

L’objectif d’un taux de croissance annuelle d’au moins 6 % dans l’agriculture a été dépassé par bon nombre de pays.

Ce secteur est devenu une priorité pour tous les Etats qui ont augmenté leurs budgets nationaux, et élaboré des plans d’investissement pour améliorer la productivité agricole.

Ces résultats devront s’accélérer avec l’Initiative Grow Africa qui offre des opportunités de mobilisation de ressources par le secteur privé, la création d’emplois pour les jeunes et les femmes.

Je salue à ce propos les efforts déployés dans le cadre du Fonds NEPAD/Royaume d’Espagne pour le renforcement des capacités en techniques agricoles en Afrique, en particulier pour les femmes rurales.

L’autonomisation des femmes dans l’agriculture est fondamentale si nous voulons améliorer les conditions de vie de nos populations, en majorité constituées de ces couches vulnérables.

Mesdames Messieurs,

Dans bien des domaines, qui constituent nos priorités, le NEPAD a connu des avancées significatives.

J’évoquerai à cet effet l’élaboration de stratégies, en collaboration avec la Commission de l’Union africaine en matière d’éducation et de santé, le développement de la science de la technologie avec la création de l’académie africaine des sciences et la promotion de l’innovation technologique par l’utilisation de drones pour le développement.

Tous ces progrès ont été réalisés dans les principes et valeurs du NEPAD : à savoir ; l’appropriation et le pilotage de nos programmes économiques ; l’appel au secteur privé ; la promotion d’un partenariat mutuellement bénéfique.

Parlant de partenariat, je voudrais souligner que l’Afrique par la voix du NEPAD et de l’Union africaine, a réussi à inscrire ses priorités dans l’Agenda mondial.

C’est d’abord le combat que nous avons mené au sein du G20 et de G7 pour l’avènement d’un système international globalement plus équitable.

L’adoption par le G20 du projet d’Erosion de la Base d’Imposition et de Transfert des Bénéfices (BEPS) est une étape très importante dans la lutte contre les flux financiers illicites, notamment l’évasion et la fraude fiscales.

Une mise en œuvre de ce paquet de mesures élargie à tous les pays sera cruciale pour l’efficacité de ces règles et nous avons invité l’OCDE à y travailler.

De même, les engagements souscrits par le G7 au titre du CONNEX permettront d’améliorer les déséquilibres des contrats d’exploitation occasionnés par la faiblesse de nos ressources humaines dans les négociations contractuelles.

Nous devons poursuivre nos efforts pour l’avènement de contrats miniers et pétroliers plus équitables en termes d’exigence fiscales et de justice sociale.

J’invite l’Agence du NEPAD à exploiter les conclusions de l’atelier organisé en 2015 à Dakar afin d’identifier les besoins des Etats pour la négociation des contrats complexes, notamment dans les industries extractives et à nous faire un rapport.

Ces préoccupations majeures pour une juste rémunération de nos ressources doivent constituer pour nous un combat permanent car la réparation de ce préjudice estimé à plus de 60 milliards de dollars par an, nous rapporte plus que l’aide publique au développement.

Parlant toujours de partenariat, l’Afrique a intensifié son plaidoyer pour bâtir une coopération dans l’esprit du NEPAD, c’est-à-dire plus d’investissement et moins d’aide.

Notre détermination à faire du Continent la destination privilégiée des investissements a inspiré la Présidence allemande du G20 à travers l’Initiative « Compact pour l’Afrique » dont nous avons tous reconnu, le caractère historique lors de la Conférence de Berlin et au cours du Sommet de Hambourg.

Mobilisons-nous tous ensemble pour nous approprier ce Pacte auquel j’invite tous les pays à y adhérer.

Mes Chers Collègues

Au commencement du NEPAD, il y a eu la Vision de nos pères fondateurs.

Le rêve est devenu une réalité grâce au travail remarquable mené par l’Agence de Planification et de Coordination du NEPAD sous la direction éclairée du Secrétaire Exécutif, Dr Ibrahim Assane MAYAKI que je tiens encore à féliciter pour son engagement. J’y associe le Comité de Pilotage et toute son équipe.

Faut-il le reconnaître, l’Agence du NEPAD a capitalisé une expérience avérée dans la planification et la coordination de nos programmes.

Elle pourra sans difficultés majeures amorcer sa transformation en agence de développement chargée de la mise en œuvre.

C’est bien la volonté des Chefs d’Etat et de Gouvernement à travers la réforme de l’Union africaine piloté avec efficacité par le Président KAGAME dont je tiens à saluer l’engagement.

Nous pouvons réussir ce pari en mobilisant toutes les conditions nécessaires à sa mise en œuvre.

La première qui me paraît fondamentale, est le leadership exercé par les Chefs d’Etat et de Gouvernement, par le plaidoyer et le soutien à la mise en œuvre des projets.

Je salue la ferme détermination de mes Pairs pour une consolidation des structures de gouvernance, en particulier le Comité d’Orientation des Chefs d’Etat et de Gouvernement du NEPAD et je voudrais tous les remercier pour leur engagement.

La seconde qui est tout aussi importante concerne l’octroi à l’Agence de moyens nécessaires à la réalisation de sa mission.

Je me réjouis à ce sujet que le projet de réforme ait mis en avant la responsabilité première de nos pays à mettre en place un mécanisme de financement durable de l’Union africaine sur la base de prélèvement de 0,2 % des budgets nationaux.

Mesdames Messieurs

Je terminerai mon propos par un appel à consolider les progrès socio-économiques que notre Continent a si difficilement réalisés au cours de ces dernières années.

Plus que jamais, nous devons renforcer notre engagement en faveur de l’Afrique, agir collectivement pour réduire nos vulnérabilités, résoudre les défis nouveaux et exploiter ensemble notre potentiel de croissance pour le bonheur de nos populations.

Je déclare ouverts les travaux de la 36éme session du Comité d’Orientation des Chefs d’Etat et de Gouvernement du NEPAD.

Je vous remercie.