Discours du Président de la République au XVIE de la francophonie
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Discours du Président de la République au XVIE de la francophonie

Discours — 26 novembre 2016

Excellence, Monsieur le Président Hery Rajaonarimampianina, notre hôte,

Chers Collègues, Chefs d’Etat et de Gouvernement, 

Mesdames, Messieurs les Chefs de délégation, 

Madame la Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie,

Mesdames, Messieurs, 

Chers amis et invités,

Avant de commencer mon allocution, je vous prie de bien vouloir observer une minute de silence à la mémoire de notre ancien Secrétaire général, Monsieur Boutros Boutros Ghali, un grand militant de la Francophonie, arraché à notre affection en février dernier.

Il y a deux ans, se tenait à Dakar le XVe Sommet de la Francophonie, sous le thème « Femmes et jeunes en Francophonie, vecteurs de paix, acteurs de développement ».

La grande île nous reçoit aujourd’hui et nous propose de disserter sur la croissance partagée et le développement responsable comme conditions de la stabilité du monde et de l'espace francophone.

Je remercie le Président Hery et le peuple malgache pour l’accueil chaleureux et l’hospitalité généreuse dont ils nous gratifient.

Un Sommet de la Francophonie à Madagascar réveille forcément le souvenir de Jacques Rabemananjara, une grande figure de la littérature française, qui, par son œuvre poétique majeure, inscrite dans le Mouvement de la négritude, exprime en même temps toute la diversité de la Francophonie culturelle. 

La convergence dans la diversité, -l’accord conciliant- comme disait le Président Senghor, un des pionniers de notre Organisation, c’est ce qui fait la force de la Francophonie. Et la Francophonie gardera sa vocation de matrice féconde de valeurs convergentes lorsque, par la même vertu conciliatrice, elle demeure le terreau fertile où s’expriment avec la même aisance toutes nos diversités culturelles et civilisationnelles.

C’est pourquoi, par la vitalité créative des  jeunes et la force mobilisatrice des femmes, le Sommet de Dakar a voulu s’inscrire dans la Francophonie des peuples, autour des idéaux de paix et de développement, pour construire un destin solidaire face à nos défis communs. 

Au premier rang de ces défis, celui de la paix et de la sécurité  nous engage à la prévention et à la résolution des conflits, à la lutte contre le terrorisme et autres formes de criminalité qui lui sont associées. C’est le cas au Mali, où nous devons rester mobilisés et solidaires pour soutenir le processus de réconciliation nationale, mais intransigeants sur le respect de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du pays.

Au fil des ans, les missions de paix des Nations Unies se sont accrues dans l’espace francophone où se déroule la moitié des seize opérations en cours. De plus, 55 de nos Etats membres participent aujourd’hui à ces missions de paix, contre  36 il y a une décennie.

Le Groupe francophone devrait donc mieux se faire entendre sur les discussions relatives aux mandats, aux conditions de déploiement et à l’équipement des missions de paix. C’est dans cet esprit que le Sénégal a organisé le 7 novembre dernier, au titre de sa présidence du Conseil de Sécurité, un débat sur la thématique des opérations de paix face aux menaces asymétriques, auquel 58 participants ont pris part, dont notre Secrétaire générale.

Le 3e Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique des 5 et 6 décembre prochain abordera aussi cette problématique d’actualité.

Puis, il y a le défi lié à la question vitale de la sauvegarde de l’environnement. Deux des nôtres, la France et le Maroc, ont abrité avec succès les 21e et 22e Conférences des Etats Parties à la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements climatiques. Alors que nous sommes maintenant dans le temps de l’action, la Francophonie doit rester vigilante et mobilisée, non seulement pour le respect de l’intégrité de l’Accord de Paris sur le climat, mais aussi pour la mise en œuvre des engagements y souscrits.

Je salue, à ce propos, les initiatives du Président Hollande et de Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour la prise en compte des besoins spécifiques de l’Afrique, notamment en matière de transition énergétique, de lutte contre la désertification, et de sauvegarde du bassin forestier et hydrographique du Congo et du lac Tchad. 

Autre défi commun : la promotion de la démocratie et des droits humains. La Francophonie continue de jouer son rôle dans l’accompagnement des processus électoraux et la protection des droits humains. C’est une tâche essentielle, parce que la Francophonie des valeurs se veut exigeante sur l’observance des principes de liberté, de droit, de justice et de lutte contre l’impunité.   

C’est par égard à ces principes que plusieurs de nos pays sont Parties au Statut de Rome sur la Cour pénale internationale ; une juridiction aujourd’hui mise à l’épreuve par le retrait de certains Etats Parties. Parce que la lutte contre l’impunité est à la fois un impératif moral de justice et de paix, notre Organisation restera attachée à la préservation de la Cour pénale.

En même temps, il est important de rappeler que la justice pénale internationale ne peut véritablement remplir sa vocation universelle, être crédible et emporter l’adhésion de tous, que si elle observe dans sa pratique les principes d’objectivité, de non sélectivité et d’impartialité maintes fois réitérés par les résolutions pertinentes des Nations Unies.

Le développement reste également un défi au cœur de nos préoccupations.

Au Sommet de Dakar, nous avons adopté une Stratégie économique de la Francophonie visant à faire de l’espace francophone un cadre plus dynamique d'échanges, d’investissement, de coopération et de solidarité.

Nous y avons souligné combien la mobilité, -notamment celle des acteurs économiques- et le développement des partenariats étaient indispensables pour donner corps à un espace francophone adapté aux réalités d’une économie mondiale d’ouverture et de compétition. 

Madame la Secrétaire générale Michäelle Jean déploie des efforts considérables dans ce sens, à travers des initiatives en faveur des jeunes et des femmes, par la formation et le développement d’incubateurs d’entreprises.

C’est en formant nos jeunes, en les occupant par l’emploi et d’autres activités génératrices de revenus que nous répondrons efficacement aux risques de marginalisation, de radicalisation violente et d’émigration clandestine qui affectent cette catégorie sociale vulnérable.

Je félicite Madame la Secrétaire générale pour ses efforts.

Mais c’est à nous, Etats membres d’agir davantage. La Francophonie est encore loin d’avoir exploité tout son potentiel économique, alors même qu’elle dispose des technologies parmi les plus avancées, que l’esprit d’entreprise et d’innovation y prospère, et qu’elle a l’avantage de l’affinité linguistique et d’une même tradition juridique pour beaucoup de ses pays membres.

Nous pouvons mieux faire par l’amélioration continue de notre environnement des affaires et la mise en place de mécanismes de financement adaptés, pour soutenir le commerce et l’investissement, notamment dans les projets de développement  structurants, qui, ne l’oublions pas, libèrent toujours de nouvelles opportunités de croissance mutuellement bénéfique.  

C’est pour contribuer à l’éclosion d’une francophonie du commerce, de l’investissement et des affaires que le Sénégal avait initié le 1er Forum économique francophone en marge du Sommet de Dakar. La 2e édition s’est tenue à Paris en octobre 2015.

Pour bâtir notre stratégie dans la durée, je pense que ce Forum pourrait être pérennisé par sa tenue régulière en marge de nos Sommets.

Je voudrais, pour conclure, remercier Madame la Secrétaire générale pour sa disponibilité et son engagement, ainsi que tous les pays membres pour leur soutien.

En passant tout à l’heure le témoin de la présidence en exercice de notre Organisation, j’espère que nous continuerons de travailler ensemble pour une Francophonie ancrée dans ses valeurs, dynamique par sa diversité et forte par sa vitalité économique.

Je souhaite plein succès aux travaux de notre Sommet.