Discours du Président de la République à la 11ème session du comité Permanent de l'Information et des Affaires culturelles
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Discours du Président de la République à la 11ème session du comité Permanent de l'Information et des Affaires culturelles

Discours — 15 mai 2018

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,

Monsieur le Premier Ministre,

Monsieur le Président du Haut Conseil des Collectivités territoriales,

Madame la Présidente du Conseil économique, social et environnemental,

Mesdames, Messieurs les ministres,

 

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,

 

Monsieur le Secrétaire général de l’OCI,

 

Mesdames, Messieurs les Chefs d’Institutions de l’OCI,

 

Distingués invités,  

 

Assalâmou aleykoum wa rahmatoullâh wa barakâtouhou 

 

Mes chers frères et sœurs de la Oumma islamique, c’est toujours avec un plaisir renouvelé que nous vous accueillons à l’occasion des travaux du Comité permanent pour l’Information et les Affaires culturelles de l’Organisation de la Coopération Islamique que le Sénégal a l’honneur de présider.

Vous êtes chez vous. Je vous souhaite la bienvenue et un agréable séjour parmi nous.

Nous tenons nos assises dans un contexte d’émotions fortement exacerbées par la situation que vivent nos frères et sœurs palestiniens et Rohingyas de Birmanie, pris dans l’étau infernal de la violence.

J’appelle instamment la Oumma islamique et les Nations Unies à se mobiliser pour mettre fin à ces tragédies humaines.

Je réaffirme notre ferme attachement au droit légitime de nos frères et sœurs de Palestine à un Etat indépendant et souverain, avec Al Qods Al Sharif comme capitale ; conformément aux résolutions pertinentes des Nations Unies, y compris celles relatives au statut de Jérusalem.

Je pense à tous les pays frères meurtris par le fléau du terrorisme et de la guerre.

La Oumma ne peut être en paix quand un seul de ses membres sombre dans la guerre ; quand des vies humaines continuent d’être abrégées et des familles entières dévastées par le deuil et la souffrance.

Nos consciences sont interpellées. Ensemble, nous devons raviver les idéaux de solidarité, de fraternité et de coexistence pacifique qui renforcent le sentiment d’appartenance de nos peuples à une seule et même communauté, au-delà de leurs diversités.

C’est le sens du thème que je vous propose pour cette 11e session de notre Comité : Education et culture comme vecteurs de paix, de développement et de rapprochement des peuples.  

L’éducation, en tant que source du savoir, fait corps avec l’islam. Elle éclaire l’esprit du croyant et l’éloigne des ténèbres de l’ignorance et de l’obscurantisme.

Dès le début de la Révélation, le savoir a été érigé en obligation pour le musulman, avant même d’être une nécessité sociale.

L’injonction divine d’apprendre pour savoir est faite au Prophète (Paix et Salut sur Lui) dans le tout premier verset du Coran : « Iqra », (Lis !).

Et le prophète lui-même exhortait ses compagnons à la quête du savoir jusqu’en Chine, parce que le savoir est la seule arme des oulémas pour rallier les croyants sur le droit chemin ; le siraat al moustaqiim.  

L’islam a toujours su allier le culte de Dieu, le libre arbitre et l’exercice de la raison. Nombre de savants musulmans ont été à l’avant-garde de l’enseignement des mathématiques, de la chimie, de la physique, de la médecine, de l’astronomie, de la philosophie, des arts et des lettres.

Et contrairement aux idées reçues, les femmes ont aussi joué un rôle actif dans l’éducation et la diffusion du savoir dès les premières heures de l’islam. 

Urwa ibn al-Zubayr, neveu d’Aïcha, épouse du Prophète, témoigne qu’il n’a « jamais vu personne connaître aussi bien le Coran, le licite et l’illicite, la poésie, le récit des arabes et les généalogies comme Aïcha, qu’Allah l’agrée ».

Ibn Asâkir auteur du célèbre Târîkh Dimashq (l’histoire de Damas) en 80 volumes, comptait, selon son propre récit, plusieurs enseignantes dans ses travaux de recherches.

Je rappelle que c’est aussi une femme, Fatima al Fihri, qui construisit au 9e siècle l’université Karaouine à Fès, au Maroc. C’est le premier établissement universitaire connu au monde et qui accueillit parmi ses disciples le célèbre historien Ibn Khaldoum et le diplomate andalou de renommée mondiale, Léon l’Africain, né Hassan al Wazzan.

Les Maisons de la sagesse, Bayt al Hikma, de Bagdad, l’université d’Al Azhar au Caire, les centres d’enseignement comme Chinguetti en République Islamique de Mauritanie, Tombouctou, au Mali, l’université de Pire au Sénégal, parmi tant d’autres, illustrent le rayonnement culturel et scientifique du monde musulman à travers les âges.

Notre compatriote, le Professeur Ousmane Kane, de l’Université d’Harvard, retrace une partie de ce riche patrimoine islamique dans un ouvrage qui fait autorité, intitulé : Au-delà de Tombouctou. Erudition islamique et histoire intellectuelle en Afrique occidentale.

Dans ce legs où brille la lumière flamboyante du savoir, il ne peut y avoir de place pour l’obscurantisme, le radicalisme et la violence. L’islam, religion du juste milieu, exalte la modération, le respect du prochain et la coexistence pacifique des peuples.

Nul ne connait mieux cette religion que le Prophète. C’est le Prophète, et nul autre, qui a reçu le message de l’islam. C’est Lui qui en est assurément le meilleur interprète. C’est en connaissance de cause qu’il a permis à une délégation de chrétiens, venus de Najran, de prier dans sa propre mosquée. Et c’est en connaissance de cause qu’il a édifié la Charte de Médine en 622, reconnaissant aux différentes communautés religieuses de la cité le plein exercice de leurs droits et libertés individuels et collectifs.

Cette même tradition de coexistence pacifique multiconfessionnelle a prévalu en Andalousie, à l’époque des souverains musulmans, et dans l’Empire Ottoman.

C’est le même esprit de bon voisinage interreligieux qui a marqué la cérémonie d’inauguration de la Cathédrale du Souvenir Africain de Dakar, en 1935, quand Cheikh Moussa Camara, un des plus éminents historiens de l’islam au Sénégal, y représente l’ensemble des guides religieux musulmans des territoires de l’Afrique Occidentale Française d’alors.  

On pourrait multiplier les exemples dans d’autres pays musulmans.

Si j’évoque ce patrimoine commun de notre histoire, c’est pour rappeler que l’islam, par ses enseignements et sa pratique, a toujours été et reste une religion de paix, de tolérance et de respect du prochain.

Notre défi aujourd’hui, c’est de revitaliser cette image de l’islam des origines face au radicalisme mais aussi contre toutes les dérives islamophobes.   

Nous devons investir davantage dans l’éducation, la formation et l’emploi des jeunes, qui faut-il le rappeler, constituent la cible privilégiée des mystificateurs et des manipulateurs de consciences.   

J’appelle les pays membres à soutenir les programmes de l’Organisation en matière d’éducation et d’échanges dans le domaine de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la formation professionnelle.

Je me réjouis, à cet égard, de la longue tradition de coopération entre le Sénégal et les pays du Maghreb. Depuis des années, le Sénégal envoie des étudiants dans ces pays amis et forme, en retour, des étudiants maghrébins, notamment en médecine.

C’est un bel exemple de ce que nous pouvons réussir ensemble dans un esprit de complémentarité solidaire.

Je tiens, avant de conclure, à redire mon appréciation à notre frère, le Serviteur des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salman Ben Abdelaziz Al Saoud, pour son leadership et ses initiatives éclairées, à travers les activités du Centre Abdallah ben Abdelaziz pour le dialogue interculturel et interreligieux.

Je renouvelle notre soutien et nos encouragements à notre Secrétaire général, Dr Yousef bin Ahmad Al-Othaimeen, dans l’exercice de sa délicate mission au service des Etats membres de l’OCI. 

La quête du savoir par l’éducation et la culture de la paix comme facteurs de rapprochement des peuples est une œuvre de longue haleine.

Cela doit nous motiver davantage à persévérer dans l’effort pour réaliser nos idéaux communs.

Et comme cette 11e Session du COMIAC coïncide avec la tenue de la 13e édition de la Biennale de Dakar de l’Art contemporain africain, j’espère que vous trouverez le temps de visiter les expositions.

Je déclare maintenant ouverte la 11e Session du Comité permanent de l’OCI pour l’Information et les Affaires Culturelles et souhaite plein succès à nos travaux. Puisse Dieu nous guider dans nos délibérations.

Wa salâmou aleykoum wa rahmatoullâh wa bar