Discours du Président de la République lors de la cérémonie d'ouverture des Journées Européennes de Développement en Belgique
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Discours du Président de la République lors de la cérémonie d'ouverture des Journées Européennes de Développement en Belgique

Discours — 07 juin 2017

Monsieur le Président de la Commission Européenne, Cher Jean Claude Juncker, notre hôte,

Excellence, Professeur Alpha Condé, Président de la République de Guinée, Président en exercice de l’Union Africaine, Mesdames, Messieurs, 

Chers amis,

En me conviant à nouveau à ses Journées du développement, après celles d’octobre 2012, l’Union européenne fait encore honneur au Sénégal. Je vous en suis reconnaissant.

Ainsi vont les relations entre votre Union et notre pays. Des relations d’amitié fortes et confiantes. Des relations de coopération conviviales, façonnées par nos valeurs partagées de liberté, de démocratie et de respect des droits de l’homme. 

Merci, Président Juncker, pour votre aimable invitation et votre accueil chaleureux.

Au cœur de l’Europe meurtrie par une vague sans précédent d’attentats terroristes, je voudrais d’abord saluer la mémoire des victimes de cette barbarie indicible. J’ai une pensée pour leurs familles et les pays amis endeuillés par tant d’inhumanité. Je leur exprime mes sentiments de sympathie et de compassion. 

Mesdames, Messieurs, chers amis, 

Cette 11e édition des Journées européennes du développement met assurément le devenir de la condition humaine au cœur de nos préoccupations communes en portant la réflexion sur l’investissement dans le développement au service des gens et de la planète, au service de la paix et de la prospérité. 

La vision est en effet généreuse et solidaire. Elle nous engage tous à poursuivre ensemble nos efforts autour d’un partenariat concerté et adapté aux réalités de notre temps ; parce que l’Europe et de l’Afrique sont deux continents liés par l’histoire, deux continents voisins, aux destins intimement liés.

Assurer la part qui nous revient dans l’accomplissement solidaire de nos destins croisés, voilà notre responsabilité commune.

Mais cette responsabilité repose d’abord sur la mobilisation de l’effort national.

Compter d’abord sur soi-même, c’est ce que nous voulons réussir avec le Plan Sénégal Emergent (PSE), la nouvelle stratégie de développement que nous avons lancée en février 2014 pour faire de notre pays une économie émergente à l’horizon 2035.

Notre ambition est d’atteindre cet objectif par un taux de croissance annuel d’au moins 7% sur la durée.

A cette fin, la stratégie du PSE repose sur trois piliers : 

➢ Un, la transformation structurelle de l’économie sénégalaise, en stimulant les secteurs qui portent la croissance et l’emploi : l’agriculture, les infrastructures, l’énergie, les mines, le tourisme, les Tic et l’habitat. 

➢ Deux, la valorisation du capital humain, en investissant plus et mieux dans l’éducation, la formation, en particulier la formation professionnelle, et l’inclusion sociale ;   

➢ Trois, la poursuite de politiques publiques propices à la paix et à la sécurité et la promotion de la bonne gouvernance. 

Après trois années de mise en œuvre, le PSE compte plusieurs projets et initiatives achevés ou en cours, dont : 

➢ un nouveau pôle urbain, doté d’un parc industriel, entre autres commodités, à 30 km de Dakar ; 

➢ de nouvelles infrastructures routières, dont une autoroute à péage déjà en service et une autre en chantier ;

➢ un nouvel aéroport international qui sera inauguré en décembre 2017, en attendant l’aménagement prochain de six aéroports régionaux ; 

➢ deux projets de ports ;

➢ et une ligne de Train Express Régional dont le chantier sera livré en janvier 2019.

Le PSE, c’est aussi la quête de l’autosuffisance alimentaire par la modernisation du secteur agricole. 

Avec une mécanisation progressive et une meilleure sélection des semences, l’agriculture sénégalaise a atteint ces dernières années des niveaux record de production. Même si des défis restent encore à relever dans la maîtrise de l’eau, l’aménagement des terres, la conservation et la transformation des produits agricoles, l’objectif d’autosuffisance est désormais à notre portée. 

Enfin, grâce à une réforme en profondeur, nous avons assaini le secteur de l’électricité et amélioré la qualité du service grâce à de nouvelles capacités produites en partenariat avec le secteur privé.

Ainsi, après la mise en service de deux centrales solaires en 2016, six autres projets d'énergie solaire et éolienne seront achevés d’ici 2018.

Ces performances cumulées ont permis au Sénégal de porter son taux de croissance de 4,6%, en 2014, à 6,7% en 2016, avec une projection à 6,8% pour l’année en cours ; de ramener son déficit budgétaire de 6,7% en 2011, à 4,2% en 2016, et de maintenir son ratio d’endettement en dessous de 60% ; la norme communautaire de l’Union économique et monétaire de l’ouest africain étant de 70%. 

Grâce à des institutions robustes et stables et un climat des affaires offrant des standards fiables de sécurité et de rentabilité des investissements, nous voulons faire du secteur privé national et étranger un partenaire stratégique du financement du Plan Sénégal Emergent.

C’est ainsi que nous avons mobilisé le 16 mai dernier un Eurobond d’un milliard cent millions de dollars, sur une offre disponible de 9,3 milliards de dollars, avec un taux de 6,25%, pour une maturité de 16 ans.

Je me réjouis d’évoquer ici cette confiance du marché financier international à l’endroit du Sénégal, parce que l’Union européenne reste pour nous un partenaire fidèle à ses engagements en appui à nos efforts de développement.

Je salue à cet égard le Plan d’investissement extérieur pour le voisinage et l’Afrique du Président Juncker. 

Avec le Programme indicatif national dans le cadre du 11e FED 2014-2020, nous poursuivons une coopération concentrée sur des priorités essentielles pour le Sénégal. Il s’agit de la gouvernance démocratique, de l’agriculture durable, de l’électrification rurale, de l’eau et de l’assainissement.

Ces priorités sont aussi celles du Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) que nous avons lancé en juillet 2014 sur financement propre, selon une procédure fast-track, pour soutenir les zones rurales les plus vulnérables dans quatre domaines :

➢ l’électricité ; 

➢ l’hydraulique ; 

➢ l’aménagement de pistes de désenclavement ; 

➢ et la distribution d’équipements pour l’allègement de la pénibilité des travaux des femmes en milieu rural.

Le PUDC est un instrument clef d’équité territoriale et de justice sociale, dont les réalisations, que j’ai personnellement constatées lors de mes visites à l’intérieur du pays, changent radicalement les conditions de vie des populations bénéficiaires.  

Avec le PUDC, les Programmes de fermes familiales et de Domaines agricoles communautaires, le Sénégal est sérieusement engagé dans la mise en place d’une économie rurale génératrice d’activités et de revenus, en particulier pour les jeunes. 

C’est en investissant dans les potentialités de nos terroirs et dans la formation professionnelle des jeunes, en leur ouvrant des perspectives qui valorisent leur savoir-faire et leur force productrice que nous apporterons une réponse durable et apaisée à un autre défi de notre temps : le phénomène migratoire.

Dans l’esprit de notre partenariat fécond, solidaire et confiant, je souhaite que l’Union européenne nous accompagne dans cette nouvelle dynamique. 

Je vous remercie.