Discours du Président de la République lors de la cérémonie de remise des Prix aux lauréats du Concours Général
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Discours du Président de la République lors de la cérémonie de remise des Prix aux lauréats du Concours Général

Discours — 20 juillet 2017

Monsieur le Président du Haut Conseil des Collectivités territoriales,

Mesdames, Messieurs les Ministres, 

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs, 

Messieurs les Recteurs,  

Chers enseignants, membres du personnel administratif et partenaires sociaux,

Chers lauréats et lauréates,

Chers parents et invités,

La cérémonie solennelle de remise des Prix du Concours général fait partie des rendez-vous annuels qui retiennent particulièrement mon attention, parce qu’elle est la fête du mérite et de l’excellence.

Je suis heureux de perpétuer une tradition qui, depuis 1966, honore nos élèves des classes de Première et de Terminale ayant réussi les meilleures performances au Concours général, au prix de la constance dans le travail.

Chers lauréats et lauréates, je vous félicite et vous dis ma fierté.

Comme à l’accoutumée, cette fête de l’excellence nous donne aussi l’occasion de réfléchir sur un sujet d’intérêt pédagogique. Et ce n’est pas juste un rituel, mais une opportunité renouvelée de nous interroger, en même temps que nous interrogeons notre système éducatif, dans ses forces et ses faiblesses.

C’est pourquoi le thème de cette édition porte sur La place de la qualité de l’Education dans le Plan Sénégal Emergent.

Le PSE, vous le savez, est le référentiel de notre stratégie de développement économique et social.

Je me réjouis du choix de ce thème d’autant plus que le capital humain, dont l’éducation et la formation font partie intégrante, constitue l’Axe II du PSE.

A l’ère de l’économie du savoir et du savoir-faire, il n’y a pas de doute que le progrès des peuples est en effet tributaire de la qualité de l’éducation et de la formation. Le Professeur Babacar SIDIBE vient d’en faire une brillante démonstration.

Merci Professeur SIDIBE, pour la pertinence de vos réflexions et analyses.

Je me dois aussi de saluer votre engagement dans l’amélioration de la qualité de l’Education ; qu’il s’agisse de la production de documents didactiques comme coordonnateur de la cellule de Français, ou de l’encadrement des élèves, notamment au Prytanée militaire de Saint-Louis.

En joignant ainsi le geste à la parole, vous offrez à notre système éducatif la voie à suivre dans la quête de l’excellence.

C’est une urgence de première nécessité. Aujourd’hui plus que jamais, et les résultats de nos différents examens le prouvent à suffisance, notre système éducatif est interpellé, à la fois sur ses contenus, mais également sur son environnement éthique et moral. J’y reviendrai.

Au demeurant, il y a déjà 42 ans, exactement le 9 juillet 1975, à l’occasion de la Cérémonie du Concours général, feu le Président Léopold Sédar Senghor avait sonné l’alerte. Evoquant les défaillances du système, il disait de manière on ne peut plus claire, et je le cite : « Il est bon que l’éclat de quelques-uns ne nous aveugle pas sur la médiocrité du plus grand nombre ». Fin de citation.

Plus que jamais, les propos du Président-poète et académicien gardent tout leur sens. Nous ne saurions esquiver le problème. Au demeurant, le Professeur SIDIBE a posé de façon explicite la problématique, établi le diagnostic dans toute son acuité et proposé la thérapeutique. Son expertise fait autorité. Je n’y reviendrai donc pas.

Je me réjouis surtout que vous ayez rappelé, Monsieur le Professeur, nos efforts soutenus en faveur de l’éducation. Plus de 24% de notre budget national est consacré à l’éducation, dépassant ainsi la norme de 20% que préconise l’Agenda Education 2030.

C’est un choix volontariste. Dès mon accession au Pouvoir, j’ai en effet demandé la mise en place urgente d’un Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et de la Transparence, PAQUET, pour la période 2013-2025.

D’un coût global de plus 108 milliards de francs CFA, le PAQUET est financé à plus de 80% par l’Etat. Il vise à promouvoir une école de l’équité et de l’égalité, assurant à chaque enfant, quelles que soient ses origines sociales, la chance de réaliser ses rêves et ses ambitions. C’est cela aussi le Sénégal de tous, le Sénégal pour tous.

Dans le même esprit, nous avons organisé en août 2014 les Assises de l’Education et de la Formation, afin de mobiliser tous les partenaires du système éducatif autour des voies et moyens de le rendre plus performant.

Entre 2012 et 2017, nous avons investi plus de 154 milliards de francs CFA dans la construction d’infrastructures scolaires et pédagogiques et l’acquisition de matériels didactiques.

A titre illustratif, nos efforts ont permis de ramener le taux des abris provisoires de 18 % en 2011, à moins de 9 % en 2017.

Mieux, un programme de suppression totale des abris provisoires va bientôt démarrer. Les attributions des marchés y afférents ont déjà été notifiées aux entreprises retenues par l’appel d’offres.

Sur le même élan volontariste en faveur de la communauté éducative, j’ai institué le Grand Prix du Chef de l’Etat pour l’Enseignant, dont la première édition pourrait se tenir à la date symbolique du 5 octobre prochain, qui marque la Journée mondiale de l’Enseignant.

Je tiens, en même temps, à la poursuite d’un dialogue ouvert, franc et productif avec les partenaires sociaux, et au respect des engagements convenus, pour la pacification de l’espace scolaire.

Je demeure en effet convaincue qu’une école viable, stable et pacifiée, reste le meilleur gage de la qualité de l’éducation.

Mesdames, Messieurs,

En mettant en évidence nos efforts pour le système éducatif, je n’oublie pas que l’école, c’est plus que des bâtiments et des équipements, fussent-ils des plus modernes. Plus que les bâtiments et les équipements, l’essentiel est dans les valeurs qui encadrent et soutiennent l’école. Quand ces valeurs vacillent, c’est tout un monde qui s’effondre, pour reprendre la formule de Chinua Achebe.

Vous l’avez compris, je veux évoquer les fuites qui ont affectées cette année le déroulement de l’examen du Baccalauréat, au point d’en faire reprendre certaines épreuves.

Je le dis sans détour : ceux qui ont facilité, organisé et bénéficié de ces fuites font honte à l’école. Ils font honte à la Nation. Ils font honte à la société.

L’école n’est pas un lieu où doivent s’exercer la misère des valeurs et la déliquescence de l’éthique ; un lieu où la tentation servile de la triche et l’appât du gain facile réduiraient à néant le goût de l’effort et la vertu du savoir être.

Ce que je dis ici est particulièrement valable pour les enseignants ayant participé à cette affreuse entreprise. Ceux-là n’ont plus leur place dans notre système éducatif.  Parce qu’un enseignant est d’abord par définition un éducateur, en qui nous avons foi en lui confiant nos enfants le temps de l’école.

Mais je veux faire la part des choses. Une infime minorité, insignifiante par son nombre et ses actes délictueux, ne peut en aucune manière salir tout un corps entièrement voué à l’école. Je veux rendre hommage à tous nos enseignants de tous ordres et leur redire notre appréciation et notre confiance.

Que personne n’en doute, l’enquête en cours sur les fuites sera menée à terme. Les responsabilités seront rigoureusement situées. Toutes les suites judiciaires et autres sanctions idoines suivront, sans aucune exception.  

Dès à présent, je demande au Gouvernement de prendre toutes les dispositions requises pour une meilleure sécurisation des épreuves des examens et concours. Je demande également aux Services de l’Etat concernés d’étudier, sans délai, les modalités de renforcement des sanctions contre les violations de la réglementation en la matière.      

Mesdames, Messieurs,

S’agissant de cette édition du Concours général, il est heureux qu’elle confirme l’amélioration des performances notées ces dernières années, avec 148 distinctions décernées contre 126 en 2016 ; 124 en 2015 ; 112 en 2014 ; 95 en 2013.

Cette évolution positive témoigne également de la nouvelle dynamique que le Gouvernement a insufflée à l’enseignement des disciplines scientifiques. Ainsi, contrairement aux éditions précédentes, tous les Prix et Accessits de Mathématiques en classe de Première ont été décernés ; de même que tous les Prix et Accessits en Sciences physiques et Sciences de la Vie et de la Terre pour les classes de Terminale. 

Je regrette cependant, qu’il n’y ait pas eu de distinction en Philosophie ainsi qu’en Citoyenneté et Droits de l’Homme.

Or, la philosophie, quête de la sagesse et des causes premières, est essentielle à la stimulation de l’esprit critique d’où jaillit la raison qui éclaire la pensée et l’action. Ce faisant, la philosophie ne doit guère être enseignée et perçue comme une matière ésotérique inaccessible aux initiés. Dès lors, il me parait souhaitable que l’initiation à la philosophie soit pratiquée dès le début du second cycle pour que les élève en apprivoisent sans appréhension le sens et la quintessence.

Quant à la discipline de la Citoyenneté et des Droits de l’homme, elle participe à l’ancrage des valeurs individuelles et collectives qui forment et consolident le contrat social. En ce sens, dans une société comme la nôtre, qui se veut libre et démocratique, elle doit contribuer à rendre le citoyen plus averti de ses droits et devoirs, plus difficile à manipuler, et moins exposé aux dérives de notre temps.

Voilà pourquoi j’engage le Ministre de l’Education nationale et tous les acteurs impliqués d’aider à cerner et surmonter les contre-performances des candidats pour ces deux disciplines.

Mesdames, Messieurs,

Chers lauréats et lauréates,

La chance nous a souri cette année. Nous avons comme Marraine du Concours général une femme d’exception, la Saint-Louisienne Aminata Sow FALL. Choix n’aurait pu être plus judicieux.

Dans un monde de turbulences, un monde aux repères brouillés, où les valeurs sont mises à rude épreuve, la vie et l’œuvre de Madame Aminata Sow Fall brillent comme un rayon de soleil au milieu des ténèbres, pour réjouir les cœurs et revitaliser les esprits.

Enseignante et romancière émérite, c’est une reine des Lettres sénégalaises, une reine parée de ses habits de lumière que nous célébrons aujourd’hui.

Les reines sont souvent silencieuses. Elles laissent le soin aux autres de décrire leurs œuvres.

Parmi vos nombreuses œuvres, j’allais dire vos chefs d’œuvre, Madame, je citerai ici quelques classiques de la littérature francophone, lus et enseignés depuis des décennies bien au-delà de nos frontières : Le Revenant, La grève des Battù, L’appel des arènes et Le jujubier du patriarche.

Votre production, qui traduit un engagement fort pour l’éthique et la justice sociale, est une leçon de vie d’une brulante actualité, qui interpelle notre société, toutes générations confondues.

Voilà pourquoi, Madame, nous avons voulu offrir votre parcours en exemple, non seulement pour nos jeunes récipiendaires, mais également pour toute la Nation sénégalaise. 

Au nom de la Nation, je vous présente mes hommages appuyés et vous dis notre grande fierté.

Je salue et remercie les enseignants et tous les acteurs de l’éducation qui, par leur temps et leurs efforts, ont contribué à l’encadrement des candidats et à l’organisation de la cérémonie.

Je distinguerai en particulier Madame Faye Bèye, épouse Kassé, Coordonnatrice des Divisions à la Direction de l’Enseignement moyen secondaire, qui fait valoir ses droits à la retraite cette année, après 13 ans de bons et loyaux services consacrés à l’organisation de cette cérémonie.

Madame Kassé, merci pour tous vos efforts et votre persévérance.

J’exprime notre gratitude aux partenaires, personnes physiques et morales qui contribuent chaque année à la réussite de cette fête de l’excellence, en offrant soutiens et Prix. Vous faites le meilleur des investissements, chers partenaires.

Je félicite chaleureusement le Ministre de l’Education nationale pour le travail remarquable qu’il mène à la tête de ce Département, pas toujours facile à diriger, il est vrai.

Je voudrais saluer et remercier avec respect les parents ; ceux et celles que j’appelle les héros de tous les temps, parce que ce sont eux, les parents, qui nous aiment d’un amour inconditionnel, qui nourrissent, qui soignent, qui logent et qui éduquent.

Merci chers parents, pour tous les sacrifices consentis, merci pour toutes les privations endurées afin que la lumière du savoir continue d’illuminer l’esprit de nos enfants.

Mesdames, Messieurs, je vous invite tous à vous lever s’il vous plait, et à vous joindre à moi pour applaudir très fort les parents.

Quant à vous chers lauréats et lauréates, par vos mérites personnels, vous faites la fierté de vos parents et de la Nation. Je vous redis ma satisfaction, ma fierté et mes félicitations. Vous êtes la preuve que notre système éducatif est capable du meilleur si chacun, prenant exemple sur vous, pratique le culte du travail et de l’effort personnel pour réussir.

Par le même effort, je vous exhorte à entretenir vivace le flambeau de l’excellence.

Et n’oubliez jamais que pour trouver des modèles et des héros, vous n’avez pas besoin d’aller loin, encore moins de chercher dans le virtuel de l’Internet.

Vos modèles, vos héros, ce sont vos parents. Vous leur devez obéissance et respect. C’est la voie de la réussite. Et demain quand vous réussirez, traitez vos parents avec générosité et tendresse. Rendez aux parents les soins que vous avez reçus d’eux.

Je vous souhaite de bonnes vacances et vous adresse tous mes meilleurs vœux de succès.

Je vous remercie.