Allocution introductive de son Excellence Monsieur le Président Macky Sall à l’occasion de la reunion de haut niveau du comite directeur du centre de developpement de l’OCDE
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Allocution introductive de son Excellence Monsieur le Président Macky Sall à l’occasion de la reunion de haut niveau du comite directeur du centre de developpement de l’OCDE

Discours — 02 juin 2016

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Monsieur le Président du Comité directeur du Centre de Développement de l’OCDE, 

Monsieur le Directeur du Centre de développement de l’OCDE,

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs,

Chers invités,

A l’entame de mon propos, je tiens à remercier l’Ambassadeur Pierre DUQUESNE, Président du Comité directeur du Centre de développement de l'OCDE, et Monsieur Mario PEZZINI, Directeur du Centre, pour leur aimable invitation à ce cadre de réflexion et de dialogue sur des questions d’intérêt commun pour nos pays.

L’état du monde nous montre à quel point les sujets de préoccupation, nombreux, interdépendants et complexes, ont un impact sur l’économie et le processus de développement.

J’évoquerai ici trois défis qui me paraissent urgents et d’actualité.

Premièrement, il y a le défi du changement climatique et la situation critique de la planète, par la faute de l’homme, engagé dans une logique insoutenable de production et de consommation.

Comme il n’y a pas de plan B, seul le respect des engagements issus de l’Accord de Paris sur le climat, Africa and Asia, where economies are vulnerable to a range of climate effects, such as heat stress and croppar le maintien la hausse de la température du globe sous la barre fatidique des 2°C peut sortir le monde de l’impasse.

En comparaison des périls encourus, le coût de ces engagements est dérisoire.

Il s’agit :

  • d’appliquer les principes convenus de la responsabilité commune mais différenciée et du pollueur payeur ;
  • et de mobiliser les ressources nécessaires au Fonds Vert pour soutenir l’accès des pays en développement aux sources d’énergies propres et à des technologies écologiquement rationnelles.

Deuxièmement, il y a le défi sécuritaire. Il n’est pas des moindres. La paix et la sécurité sont les conditions préalables de toute performance économique devant mener à un  développement durable.

Le terrorisme est devenu aujourd’hui une menace globale, à la fois pour la sécurité humaine et pour l’économie.

Il peut suffire d’un attentat pour que des pans entiers d’une économie s’effondrent : que l’on pense au tourisme, au transport et autres activités connexes, toutes génératrices d’opportunités, de revenus et d’emplois.

Mais le combat contre le terrorisme ne peut être exclusivement militaire et sécuritaire. Il doit, en même temps, inclure, avec le même degré de priorité, la lutte contre l’ignorance et l’exclusion sociale qui nourrissent et entretiennent ce fléau. Pour tarir les sources qui alimentent le terrorisme, il faut investir dans l’éducation et la formation et dans les activités génératrices d’emplois.

Il faut créer les conditions d’un développement inclusif pour que la croissance ne se réduise pas en une mécanique  autocentrée, sans finalité sociale et humaine.

La croissance  doit être partagée, certes au sein des pays, mais aussi entre eux, par un commerce international plus équitable, qui met fin aux subventions abusives et rémunère à leur juste valeur les matières premières. C’est ainsi que les économies des pays en développement pourront prospérer, créer des opportunités d’emplois et offrir aux jeunes des raisons d’espérer et de gagner leur vie dans leurs propres pays. 

Ce qui m’amène au troisième grand défi de notre temps : la  migration. Le phénomène n’est pas nouveau. C’est plutôt être son ampleur exacerbée qui alimente aujourd’hui des passions, voire comportements xénophobes et extrémistes.

A mon sens, la problématique de la migration doit être abordée de manière globale. Certes, il faut fermement combattre les réseaux criminels de l’émigration clandestine. Entre l’Europe et l’Afrique, c’est l’objet de l’opération FRONTEX.

Mais, en même temps, travaillons à la construction de sociétés politiquement stables, économiquement viables et socialement équitables. Créons les conditions qui facilitent la migration légale pour les étudiants, chercheurs et opérateurs économiques. Offrons des possibilités d’intégration sociale aux travailleurs migrants qui contribuent à la prospérité de leurs pays d’accueil et aux efforts de développement de leurs pays d’origine.

Au Sénégal par exemple, l’apport de la diaspora à l’économie qui s’établit à plus d’un milliard de dollars par an, soit 10% de notre PIB, dépasse en volume l’aide publique au développement.

Mesdames, Messieurs,

Après quinze ans de mise en œuvre des OMD, un nouveau consensus international a fixé le cap, en 2015, pour la réalisation des Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030.

Un engagement fort de ce consensus consiste à mobiliser davantage les ressources internes,  notamment fiscales, pour financer les besoins de développement.

Cela appelle un effort supplémentaire de rationalité et d’efficacité dans la mobilisation et l’affectation de ces ressources.

Aussi, un appui technique et financier des partenaires est-il nécessaire aux compétences nationales pour les aider à produire de meilleures données statistiques en soutien aux politiques nationales de développement.

Cet appui est d’autant plus pertinent aujourd’hui qu’il s’inscrit dans le processus engagé depuis 2013 pour la révision des règles du système fiscal international, avec le projet de lutte contre l’Erosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfice, mené par l’OCDE et le G20.

Le Sénégal appuie fermement ce processus. Et dans ce cadre, nous pensons que l’Afrique ne doit être ni la victime ni le réceptacle désigné de fonds illicites.

Voilà pourquoi, en ma qualité de Président en exercice du NEPAD, j’ai souvent porté aux Sommets du G7 et du G20 un appel à une meilleure coopération internationale contre  les flux financiers illicites. 

Je voudrais saluer ici les initiatives heureuses de l’OCDE sur la fiscalité internationale. Pour avoir une portée encore plus ample dans la conception et la mise en œuvre, il me parait souhaitable que ces initiatives soient entérinées par des engagements contraignants et élargies à la participation du  FMI et de la Banque mondiale, compte tenu de leur expertise et de l’étendue de leur champ d’activité en la matière. 

Pour nous pays en développement, la réforme du système fiscal international devrait aussi inclure quatre volets essentiels :

  • la formation de ressources humaines qualifiées ;
  • l’assistance technique en matière d’identification des besoins de réforme et de planification stratégique ;
  • le renforcement des capacités des administrations fiscales, y compris le soutien à leur informatisation ;
  • et le soutien à la révision des codes miniers et des hydrocarbures et la conclusion de contrats plus équitables dans ces domaines.

De toute évidence, la première mesure de lutte contre l’évasion fiscale doit consister à faire payer la fiscalité là où se crée la richesse, c’est-à-dire dans les pays où les compagnies mènent leurs activités et tirent leurs profits. Or, dans beaucoup de nos pays, les activités minières échappent depuis des décennies à la fiscalité, au motif qu’elles ne relèvent de l’industrie, alors que les mêmes activités, considérées comme industrielles dans les pays développés, sont dûment taxées.

Si nous voulons que l’effort interne finance davantage le développement, nous devons instaurer plus d’équité entre le respect des droits légitimes de l’investisseur et ses obligations fiscales.

Dans le même esprit, travaillons à une  meilleure efficacité de l’aide publique au développement. En ces temps de contraintes budgétaires majeures, il est dans l’intérêt des pays donateurs et bénéficiaires que chaque centime alloué à l’aide soit dépensé comme il faut et à temps.

Quand je prends l’exemple du Sénégal, certainement illustratif de bien d’autres cas,  l’aide publique fait intervenir plus de 460 partenaires bilatéraux, multilatéraux et non gouvernementaux ; chacun avec ses propres conditionnalités, ses propres règles et ses procédures.

Il en résulte un interminable saut d’obstacles, une dispersion des moyens, des chevauchements de projets et programmes, des retards considérables dans la conception et la réalisation des projets, et, finalement, des résultats amoindris.

Conformément à la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, nous gagnerions tous à :

  • simplifier, alléger et rationaliser les procédures ;
  • harmoniser les partenariats ;
  • enfin, promouvoir l’appropriation de l’aide par les pays bénéficiaires en l’alignant sur les priorités de ces pays pour une gestion axée sur les résultats et une responsabilité mutuelle entre partenaire et bénéficiaire.

Mais plus fondamentalement aujourd’hui, notre vision pour le Sénégal est d’assurer par nous-mêmes nos ambitions de développement.

C’est l’objet du Plan Sénégal Emergent (PSE), la nouvelle stratégie de développement économique et social que nous avons lancée en février 2014.

Le PSE vise la transformation une structurelle de l’économie sénégalaise pour en faire un pays émergent à l’horizon 2035, porté par des projets phares dans les secteurs stratégiques de l’agriculture, des infrastructures, de l’énergie, du tourisme des TIC et de l’habitat.

La quête de l’émergence, pour nous, signifie moins d’aide, plus d’investissement privé et de partenariat public-privé.

Mais l’émergence, c’est aussi un développement inclusif, par la lutte contre les inégalités sociales, à travers deux innovations majeures : les Bourses de sécurité familiale, en soutien aux couches sociales les plus vulnérables, et la Couverture maladie universelle, pour l’accès de tous à un minimum de soin de santé.

L’émergence, c’est, enfin, le renforcement de la gouvernance politique, institutionnelle et économique, la rationalisation des dépenses publiques et l’amélioration constante de l’environnement des affaires.  

C’est à ce titre que l’édition 2015 du Doing Business a classé le Sénégal au 9e rang des meilleurs réformateurs au monde.

Grâce à ces efforts conjugués, le taux de croissance du PIB du Sénégal s’est établi à 6,5% en 2015, nous rapprochant ainsi de l’objectif moyen de 7% par an fixé par le PSE.

Ces bonnes performances ont aussi abouti à  la validation récente par le FMI de la deuxième revue du programme économique et financier du Sénégal appuyé par l’Instrument de Soutien à la Politique Économique.

Je voudrais, pour conclure, saluer la qualité  du partenariat entre le Sénégal et l’OCDE.

C’est le sens de ma présence ici, pour vous dire combien me tiennent à cœur nos relations de confiance mutuelle et la poursuite de ce partenariat fécond, sur la base de nos valeurs partagées.

Je vous remercie de votre attention.